“J’aurai aimé finir autrement mais…”

“J’aurai aimé finir autrement mais…”

31 mars 2021 0 Par MARTIAL HESPEL

Capitaine historique des Titans et de l’évolution du groupe pendant huit ans entre la Nationale 3 et la Nationale 1, Laurent Touboul tire sa révérence. Voici la première des trois parties de son interview pour refermer ce livre.

Laurent, comment la fin de ta carrière a-t-elle mûri dans ton esprit ?


Lorsqu’on s’est arrêté mi-mars 2020, je me posais déjà la question. Et puis, dans les jours qui ont suivi le premier confinement, les annonces des arrêts de saisons sont tombées et rapidement j’ai pris la décision de continuer un an de plus. Je voulais une autre fin et profiter des derniers moments en choisissant mon dernier match. Finalement, ça n’a pas marché, mais il était important pour moi de me donner les moyens d’être maître de mon destin et de connaître une fin de saison, normale, disons correcte. 


Cette décision est-elle irrévocable ?


Oui. C’est définitif. Avec l’arrêt quasi-total depuis octobre, reprendre en août, sans avoir non plus la garantie de réaliser une saison normale, avec également le boulot à côté, est beaucoup trop risqué. J’aurai 35 ans cet été, ce n’est pas raisonnable physiquement et en terme de niveau, si je continue c’est pour apporter à l’équipe. C’est le collectif qui compte et non pas mon petit intérêt personnel qui me conduirait, pour l’orgueil, d’y retourner. L’arrêt est bien trop long. Bien entendu que j’aurais aimé finir autrement, mais c’est prendre un trop gros risque. Quand tu pèses le pour et le contre, la raison prend le dessus. 


Et si jamais on venait à nous dire que la saison 2021-2022 se déroulerait presque normalement ?


Franchement ? Non. Même si nous avions la certitude d’avoir une saison quasi-normale, je n’y serais pas retourné. Il ne faut pas se le cacher, quand on prend un rythme de ne plus avoir d’entraînement, d’avoir du temps et surtout de ne plus avoir mal le matin quand on pose le premier pied par terre, c’est bien aussi (rires). J’ai dû faire entre quinze et vingt saisons en seniors, j’ai fait ma part du boulot. Bien entendu qu’être acteur sur le terrain, la vie du groupe et du vestiaire, vont me manquer, mais çe ne suffit plus pour contrebalancer ma décision. On arrive aussi sur une fin de cycle avec le groupe. Il a besoin d’être renouvelé, rajeuni et renforcé pour prendre un nouveau tournant dans l’avenir.


As-tu cru durant la saison à une reprise ?


J’y ai cru car lorsqu’il y a eu le deuxième déconfinement, ça semblait s’arranger. Je me souviens, qu’à l’époque, une date de réouverture des bars et des restaurants avait été mise sur la table. En plus, il y avait la coupure dû aux championnats du monde qui passait par là, donc ça semblait être cohérent pour notre discipline. Nous étions dans une poule à six, avec donc seulement huit matchs à jouer car nous avions eu le temps d’en faire deux. Je me disais alors que reprendre le 1er février, pendant un mois, pour débuter les matchs en mars, pouvait passer. Définir huit dates jusqu’à fin juin si nécessaire ça n’avait rien d’impossible. Même si la Fédé voulait placer un barrage, tout était encore possible. Mais finalement, en janvier, dès qu’on a compris que ça commençait à se gâter, on a vite compris. 


Mais tant que la décision n’était pas actée…


Quand tu es compétiteur, que ça ne dépend pas de toi mais qu’en même temps tu sais que c’est ta dernière saison, tu gardes un infime espoir, tant que la décision officielle n’est pas tombée. Mais de façon raisonnable je savais que c’était fini. Malgré tout, on a pas laissé tomber avec l’équipe. On a continué de se voir une fois par semaine, le samedi, pour faire du sport aussi et surtout pour conserver ce lien. Malgré tout, on savait que, le temps passant, n’ayant pas touché le ballon depuis octobre, on savait qu’une reprise n’aurait ressemblé à rien. Alors, forcément, j’aurai préféré jouer, car quand tu joues pendant vingt ans, tu ne t’imagines pas que ça va finir comme ça. Si j’avais su, contre Ajaccio, que ce serait le dernier, je l’aurai préparé et vécu différemment. 


Justement, tu as des souvenirs de tes deux derniers matchs ?


Aucun car, à l’époque, c’étaient des matchs de début de saison normaux. Comme chaque année. Où tu n’es pas concentré sur ta personne mais uniquement sur le collectif. De plus, nous avions l’expérience du début de saison 2019 très difficile donc nous étions impliqués plus que jamais et puis, pour nous, quand on a repris l’été dernier, avec le début de saison, on avait l’impression que le Covid était derrière nous. On connaît la suite…