Touboul : « S’en féliciter et en être fier »

Touboul : « S’en féliciter et en être fier »

7 février 2020 0 Par MARTIAL HESPEL

A la vieille de la Nuit du Handball et de la réception de Bourgoin-Jallieu, première journée de la phase retour, Laurent Touboul, Capitaine de la Nationale 1, s’est longuement livré alors que les Titans, à mi-saison, ne sont qu’à un point du premier non-relégable.

Laurent, l’équipe est parvenue à faire match nul contre Montpellier et pourtant la trêve a été difficile…
C’est vrai que ça pouvait faire un peu peur. Nous avions Alex et Seb à l’infirmerie et Greg qui revient doucement. Et puis, pour un groupe comme le notre, quand tu traverses une longue trêve, sans match, c’est difficile de garder tout le monde hyper motivé. Je ne suis pas là en train de cautionner les absences qui ont poussé à l’annulation d’un match amical en semaine, mais il est vrai qu’on est une équipe d’expérience, des trentenaires, des papas, on a tous un boulot à coté, ce n’est pas toujours évident. C’est comme ça. C’est notre spécificité. Ce n’est pas facile pour tout le monde.

Dans ce contexte là, jouer Montpellier n’a rien de confortable
On pouvait s’attendre à un gros rythme car les jeunes là bas n’ont pas coupé. Ajoutez à cela qu’avec le championnat d’Europe, beaucoup d’internationaux n’étaient pas là en janvier et du coup le centre de formation a sans doute été beaucoup plus impliqué au quotidien avec l’équipe première. Ce qui est certain, c’est qu’ils sont arrivés bien plus préparés que nous.

Pourtant, l’équipe a peut-être réalisé son plus beau match cette saison…
On réussi une très belle première mi-temps en étant très appliqué et concentré en attaque et en défense. On est resté sur les projets d’attaque et de défense mis en place pendant la trêve. Alors comme évoqué ci-dessus la préparation a été difficile, on pouvait se demander si ce qu’on avait travaillé, parfois avec peu de garçons, allait marcher. Finalement avec de la patience en attaque et une circulation du ballon plus longue et moins de pertes de balles ça a fonctionné. En défense le bloc était super soudé et a mis de l’intensité. Du coup on se retrouve à +6 à la mi-temps tout en sachant très bien ce qui allait nous attendre au retour des vestiaires.

C’est à dire ?
Avec une équipe jeune comme ça, qui est capable de mettre une très grande intensité pendant une heure, on allait avoir des défenses étagées. Ça n’a pas loupé avec une 3-3. Des strictes aussi. Entre le rythme qu’ils ont mis, l’age et tout ce que ça comporte, on a eu un déficit de solutions face à cette défense là. Non pas parce qu’on ne faisait pas ce qu’il fallait faire, mais parce qu’en face ils ont tenu toute une mi-temps avec un rythme en défense et c’était très difficile avec de gros espaces et leur système défensif. Pourtant on a pas perdu tant de ballons que ça mais dans notre équipe, pas un seul garçon est plus rapide ou plus dynamique qu’eux. Si le match avait duré quelques minutes de plus on perdait.

Quelle a été clé pour tenir ?
Sans parler de gestion, on a réussi à ne pas s’affoler et à bien gérer les pertes de balle, maintenir un écart et même quand ils sont revenus à notre hauteur nous n’avons jamais pris l’eau. On n’a pas pris cinq, six ou sept contre-attaques de suite. Au final, le match nul était un peu dur à avaler car jamais Montpellier n’est passé devant mais ça reste deux bons points face au meilleur centre de formation depuis plus de vingt ans et surtout par rapport au contexte du match. Nous avons su leur opposer notre type de jeu un peu plus à l’ancienne vis à vis de leur jeu dynamique et rythmé compte tenu de leur âge et de leur nombre de séances par semaine.

Nîmes, Montpellier… Que faut-il retenir de ces bons résultats ?
On a prouvé qu’on pouvait réaliser de grandes choses avec un super état d’esprit, de l’agressivité et une implication totale. Franchement, battre Nîmes puis tenir Montpellier comme ça, ce n’est pas rien ! Ca correspond à notre début de saison dans le sens où, même après avoir débuté par sept défaites, on a jamais lâché, le groupe est resté toujours solidaire et n’a cessé de travailler. Franchement, après avoir perdu contre Bagnols, je pense que, mais nous aussi, on nous voyait déjà en Nationale 2. Et pourtant, aujourd’hui, on est là, on est au contact. On a un beau bilan avec sur les quatre derniers matchs 9 points sur 12 possible. Malgré notre mauvaise série pour débuter, nous ne sommes pas trop loin. 


On est donc à la mi-saison et dans ce championnat très relevé, l’équipe est pourtant vraiment dans le coup pour le maintien sachant, il faut le répéter, qu’il n’y a pas trois, mais seulement deux descentes…
Bien sûr que la Nationale 1 c’est dur. Il y a un vrai fossé avec la Nationale 2 et encore la saison passée on était dans un groupe très difficile. Alors oui, ce n’était pas prévu de jouer à ce niveau là. Tout du moins, c’est arrivé plus vite que prévu. C’est peut-être trop tôt. Mais l’avantage qu’on peut avoir, c’est que nous sommes surement le groupe avec le moins de pression sur les épaules. Le club a accepté une montée qui nous a été proposé en juin. Quantitativement, nous n’avons qu’un joueur de plus. Nous n’avons pas changé nos habitues avec seulement trois entraînements. Le club, les dirigeants, sont derrière nous mais on a pas ce stress que d’autres ont. Alors, en début de saison, on a peut-être manqué un peu de confiance, de sérénité, notamment en fin de match. Mais on a eu ce déclic. Gagner contre Saint-Flour a tout débloqué. Mentalement, c’est beaucoup plus simple. Dans le jeu et physiquement on a prouvé qu’on pouvait le faire.

Le scénario rêvé pour cette deuxième partie de saison ?
On doit prendre les points à la maison. Sur cette phase retour, on reçoit Bourgoin, Bagnols et Saint-Flour. Là où on devra faire un coup à l’extérieur, c’est à Lyon ! Et ensuite, il y a l’autre championnat contre qui, comme on a pu le faire face à Nîmes et Montpellier, on devra grappiller ici et là. Mais je pense notamment à ces matchs à la maison où avec le public, l’ambiance et notre nouvelle dynamique, tout est possible. Ça commence demain contre Bourgoin face à qui on avait perdu je le pense de façon trop sévère (-9) à l’aller dans le contexte toujours particulier du premier match de la saison en septembre. Aujourd’hui, on a joué tout le monde, nous ne sommes plus dans l’inconnu alors que nous étions surement l’équipe qui arrivait avec le plus d’incertitudes dans ce championnat. Nous n’en sommes à qu’à la moitié : c’est encore très long.

A l’extérieur du club, on a le sentiment que beaucoup d’observateurs attendent énormément, peut-être trop de l’équipe, en oubliant trop vite sa situation…
C’est vrai. On aurait, pu par exemple, s’entraîner une fois de plus, consacrer plus de temps à faire de la musculation etc… Mais, dans notre situation, avec un groupe limité en nombre et avec beaucoup de trentenaires, n’aurait-ce pas été contre productif dans le sens où, globalement, on est plutôt épargné par les grosses blessures aujourd’hui ? Et puis, encore une fois, mais il faut le répéter, nous avons quasiment le même groupe que l’année dernière, beaucoup ont des enfants et notre activité professionnelle nous fait manger à la fin du mois. Ce n’est pas le handball qui nous fait vivre contrairement à beaucoup de joueurs de notre championnat. On ne peut pas se permettre de faire passer le handball en totale priorité. Il faut savoir enchaîner les journées de boulot, puis l’entraînement, le match le samedi et je ne parle même pas de ceux qui ont des enfants en bas âge.

Mais si le club veut se maintenir durablement à ce niveau, il faudra à tous les niveaux se mettre à la hauteur de ce que vous voyez chaque week-end ?
Oui c’est vers quoi il faudra tendre. Cette année, on peut, de façon un peu miraculeuse vis à vis du contexte, de comment est arrivée cette montée et des sept premières défaites, se maintenir. Mais on ne pourra pas faire ça deux saisons de suite. Un jour où l’autre et le plus vite possible il faudra tendre vers un mode de fonctionnement plus professionnel. Mais cette saison n’en reste pas moins positive. Elle permet à des anciens, comme Romain, Momo, Robin, Julien, Greg, moi-même et d’autres de rejouer à ce niveau alors que ce n’était pas prévu, tout du moins pas si vite. Pour les plus jeunes, comme Souleymane, Simeon ou encore Thomas ça leur montre le travail à effectuer pour dans le futur s’implanter durablement à ce niveau. Quant au club et aux dirigeants qui nous accompagnent régulièrement en déplacement, cette saison leur montre, quoi qu’il advienne, ce qu’est le niveau Nationale 1 et pas uniquement sur un plan sportif.

Un dernier mot ?
Il faut se souvenir ce qu’était le club d’Antibes il y a à peine 7 ou 8 ans. Un gars comme Alexandre a connu la Pré-Nationale ici. Moi, je suis arrivée l’été de la montée en Nationale 3. A l’époque, il y a avait le Cavi et Villeneuve-Loubet en Nationale 1, le 3M était en Nationale 2, le BTP était aussi à un moment donné à ce niveau là… Sans oublier Fréjus, Monaco et les autres. Antibes c’était le club où personne ne voulait aller, un club banal de Pré-Nationale. Aujourd’hui on en est là ! La place d’Antibes, je l’ai toujours dit, c’est en Nationale 1. On doit garder ce leadership des clubs amateurs derrière le Cavigal Nice. Mais pour rester à ce niveau, le club va devoir s’étoffer, gagner en créneaux, en structure etc… Mais quand je vois le parcours effectué ces dernières années, il n’y pas de raison qu’on y parvienne pas. Bien entendu que notre saison est difficile, mais il faut savoir prendre du recul et regarder d’où on vient. Il faut s’en féliciter et en être fier.