Ghio : “Allez le plus haut possible avec les filles”

Ghio : “Allez le plus haut possible avec les filles”

17 décembre 2019 0 Par MARTIAL HESPEL

Après 8 journées en Nationale 2, notre équipe féminine est troisième, en embuscade derrière La Garde et Toulon. En restant sur six victoires consécutives, elle laisse une belle impression mais à peine 40% de la saison a été joué. Place à une longue interview de Laurent Ghio, entraîneur de l’équipe depuis maintenant un an.

Laurent, pour son dernier match de l’année, les filles ont gagné d’un tout petit but à Ajaccio 20-21 après avoir été menées 13-5. Comment expliquer ce match ?
C’était assez particulier. Avant de rentrer sur le terrain, j’avais axé mon discours sur la défense. Et après cinq minutes de jeu, le score est toujours de 0-0. Mais je n’étais pas inquiet plus que ça car face à Montpellier, c’était à peu près la même situation. On arrive à bien contrer leurs annonces et puis on commence à ne plus faire les efforts. On se fait avoir car on se met à jouer vite pour recoller et du coup on se fait contrer. On prend des contre-attaques et le score passe vite à 12-4 puis 13-5 pour Ajaccio. Pourtant, globalement, sur toute la rencontre, car on encaisse que 20 buts, la défense a bien tenu.


Faire trop bien trop vite ?
Oui. En attaque on a voulu faire trop vite et ce n’est pas comme ça qu’on règle les problèmes. C’est seulement dans les vingt dernières minutes qu’on a commencé à vraiment grappiller pour revenir et passer devant. Mais on a continué à perdre des ballons et même si on gagne d’un but ça aurait très bien pu basculer de l’autre côté. Pour la première fois depuis le début de la saison, on gagne sur le managerat et non pas par ce qui a été travaillé durant la semaine. Chose inhabituelle, on a gagné sur des aspects tactiques non préparés en amont. 


Un avertissement sans frais pour les filles
?
Dans ces moments là, bien qu’on soit tenté de faire vite car l’écart devenait très important, il vaut mieux prendre son temps et ne pas paniquer. Et pour la première fois, on s’est retrouvé au pied du mur. A ce moment là, tu choisis entre deux postures. Soit tu te laisses abattre, le pessimisme prend le dessus et c’est le fin du monde, ou alors, tu saisis cette chance de prouver que tu peux gagner avec d’autres moyens que le handball pur. Et c’est ce qu’on a fait. J’ai dit aux filles que ce match là, l’année dernière, on l’aurait perdu de dix buts. 

Du positif et du négatif donc…
D’un côté j’ai la satisfaction d’avoir gagné en ayant eu autre chose sous la main, mais d’un autre, la contrariété de ne pas avoir pu développer le jeu que l’on a mis en place les semaines précédentes. Le mental a brillé mais la technique était en berne. Il faudra réussir le plus souvent à allier les deux de façon positive. Le chemin est encore long.  


La reprise va se faire en express avec la réception de Toulon dès le premier week-end de janvier. Comment s’y préparer ?
C’est très difficile car nous sommes à un niveau amateur et les filles ont aussi le droit, pour celles qui n’habitent pas ici, de voir et de profiter de leur famille entre Noël et le jour de l’An. Moi y compris, souffler va faire du bien. Mais passer de trois semaines sans rien à seulement deux séances pour préparer un match qui se jouera le 4 janvier c’est très particulier. J’ai déjà prévu deux idées de séances selon l’état dans lequel les filles seront. On verra. Il faudra malgré tout s’entretenir un peu et éviter les débordements. Mais on fera avec.


Tes mots auprès des filles sur cette période charnière car l’équipe jouera derrière le 11, le 18 et le 25 janvier…
Mon discours a déjà été de prévenir les filles qu’il ne faudra en aucun cas se retrancher derrière telle ou telle excuse. Toulon sera dans le même cas que nous et tous les autres aussi. Mais si on veut jouer la montée en fin de saison, se tenir à une certaine rigueur durant cette courte trêve permettra de se donner une chance supplémentaire de battre Toulon et d’atteindre nos objectifs. Je ne dis qu’on y arrivera forcément, mais il faut mettre tout ce qu’on peut de positif dans la balance. 


Nous n’en sommes même pas à la mi-saison mais les filles sont au rendez-vous pour jouer la montée, rien ne sert de se cacher, comment vois-tu la suite ?
J’ai un discours à long terme avec les filles. Je ferai tout pour les amener le plus loin possible. Si on vient à monter, mon idée est que les filles qui ont décroché la montée en se bagarrant toute l’année, méritent de jouer en Nationale 1 sans voir arriver des recrues de droite et gauche. C’est ma démarche. Il ne faudrait pas que quatre ou cinq mutées profitent du dur labeur des autres. De plus, le groupe est jeune voir très jeune et il va encore progresser c’est certain. Pour les plus anciennes, comme Kaffy, c’est une question de mental. Si elle en a envie, elle sera comme toujours au top ce n’est pas un problème pour elle et ce, je pense, pour encore deux ou trois ans. Ce groupe a vraiment de l’avenir. 


Tout est une question de s’en donner les moyens ?
Je veux vraiment faire comprendre aux filles qu’à tout âge on peut progresser. C’est Didier Dinard qui expliquait qu’à 30 ans, après quatre ou cinq années de stagnation, il avait donné une autre direction à sa carrière pour devenir et continuer à être le joueur incroyable que l’on a connu jusqu’à ses 36 ans. Un potentiel peut être exploité jusqu’au bout. Je souhaite vraiment faire grandir chacune d’entre elles. Viser encore plus haut. Personne, quel que soit son niveau ou son âge ne doit rester sur ses acquis.